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3 avril 2006

"L'Etranger", d'Albert Camus.

l_etrangerRésumé

Meursault va enterrer sa mère : il regarde, il écoute, il fume, passivement. Il ne participe pas ; il répond ; et c'est tout. Le lendemain, il rencontre Marie, se baigne avec elle, couche avec elle, sans rien vouloir, simplement parce qu'elle est là, et qu'il répond à ce qui l'interroge ou se présente. De même pour Raymond, son voisin, qui lui demande son amitié, et qu'il aide, comme on répond à qui vous parle avec insistance, sans rien penser de particulier. Et la vie coule, poussant les jours, le travail, le soleil, la mer, toutes choses que Meursault constate avec une conscience vide et lucide, toutes choses qui se reflètent sur lui mais auxquelles il ne se donne pas.
Raymond l'invite à pique-niquer avec Marie et un couple ami sur une plage. Tandis que les trois hommes se promènent, ils sont accostés par des Arabes qui ont un compte à régler avec Raymond. Bagarre. Meursault regarde. Plus tard, retourné seul vers la source qui coule à une extrémité de la plage, Meursault y rencontre l'un des Arabes. Cet homme ne lui est rien, et il n'a pas de haine, à peine le souvenir de ce qui s'est passé. Mais l'Arabe sort un couteau, la lame brille au soleil, et Meursault, qui par hasard a encore sur lui le revolver de Raymond, tire, tire encore, aveuglé par la lumière, la sueur, l'air brûlant...

Critique:

...L'Etranger tendait à son époque le miroir de sa condition, dont la guerre venait de lui révéler l'absurdité. Personnage décalé vis-à-vis du monde, des autres et de soi-même, personnage sans espoir et sans résignation, Meursault incarnait pour la première fois l'homme absurde (ou plutôt la nudité de l'homme devant l'absurde), et il avait d'autant plus de pouvoir qu'il surgissait d'une création romanesque vivante en soi, et forte d'une évidence échappant à la thèse dont elle dérive.
En effet, bien qu'étant le produit d'une pensée, Meursault est avant tout une présence, et née du seul art du romancier. Cette présence nous montre l'absurdité du monde, elle ne la démontre pas ; elle la fonde et c'est à nous d'en déduire la notion. D'où l'extrême puissance de ce livre, qui agit comme un révélateur, et dont le style colle étroitement à son objet. Courtes et neutres, les phrases sont là pour nous suggérer que l'homme absurde ne peut que décrire, que vivre au niveau de l'existence pure, que recommencer à chaque instant, sans durée, sans "liaison". Et la réussite de ce style est totale, qui nous donne à la fois l'éclat de l'instant et sa leçon...

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3 avril 2006

"Magnus", de Sylvie Germain

>

germain_magnus1Résumé:

Toute sa vie n'est que mensonges, illusions et incompréhensions. Qui est véritablement Franz-Georg alias Magnus du nom de son ours en peluche ? Comment grandir sereinement lorsque l'on apprend que l'on a été adopté, que sa mère s'est suicidée et qu'un beau jour, on se retrouve nez à nez avec son père soi-disant disparu dans le naufrage de l'Allemagne nazie ? Autant de questions laissées sans réponses. "Assigné à résidence dans la nuit muette de son corps, il menait en fait un dialogue pluriel : avec les vivants, avec les morts, avec lui-même et bien d'avantage encore avec la part d'inconnu dont il sentait en lui la présence discrète et cependant souveraine." D'autant que le malheur ne s'accompagne jamais seul. Il continue de s'abattre sur Magnus tout au long de sa vie : de connaissances en retrouvailles féminines, ses deux amours vont périr, l'abandonnant encore et toujours à son propre sort...
Dans ce nouveau roman, Sylvie Germain nous entraîne avec délicatesse dans les méandres de l'âme humaine avec ce qu'elle peut avoir de plus beau et de plus torturé. Malgré cette vision noire que l'on peut se faire de 'Magnus', ce livre renvoie à des thèmes universels. L'importance de la filiation ; l'abandon, l'amour puis l'estime de soi mais aussi l'importance de continuer à avancer vers des jours meilleurs sont autant de messages d'espoir.
C'est de façon très originale que Sylvie Germain a décidé de bâtir son livre : au milieu des fragments du texte, elle a décidé d'y insérer d'autres paragraphes intitulés "séquence", "notule", "écho", "résonances" ou "éphéméride". Autant de scissions explicatives ou historiques nécessaires à la compréhension. Le tout formant un ensemble magnifique, émouvant, envoûtant, déstabilisant… bref, du grand chef-d'oeuvre littéraire. Dorothy Glaiman

Ce que j'en pense:

L'idée et la construction du livre mérite à eux seul que l'on s'intéresse au dernier livre du Sylvie Germain.
Le style académique sans être lourd convient bien a cette histoire.
La peur du vide, le vide de nos origine, la culpabilité d'un passé antérieur a notre existence, notre part de liberté, notre part des autres: la complexité de tout ce qui fait un homme est ici abordé. Un roman qui ne laisse pas indifférent mais qui malheureusement commence déjà a se perdre dans le brouillard de ma mémoire....
Conclusion: ce livre m'a interessé mais pas marqué!

13 février 2006

"Malevil" de Robert Merle

merle_malevilRésumé:

Pâques 1977 : dans les caves creusées dans le roc de l’antique château de Malevil, Emmanuel met son vin en bouteilles tandis que ses amis d’enfance discuteront devant lui avec passion des élections municipales. Et voici que ce jour, pour Emmanuel si quotidien, si routinier, est aussi le jour d’une guerre atomique qui s’abat sur le monde par surprise et le détruit. En un instant, autour de Malevil dons le roc millénaire résiste à la fournaise, tout est anéanti. Les bois brûlent. Les villages se consument. La terre devient poussière Dès leurs premiers pas sur la planète carbonisée, les compagnons d’Emmanuel rencontrent leurs premiers ennemis : d’autres hommes, sauvés comme eux, mais qui convoitent le château fort et ses réserves. Contre ces bandes errantes commence, implacable, la lutte armée des sédentaires. Dans ce coin de France, berceau de la préhistoire, les survivants de Malevil régressent vers une civilisation primitive.


Ce que j'en pense:

Parceque ce sont des dialogues, ce livre se lit facilement.
Il ne présente d'autre part que peu d'intêrets.
Biensûr, on a envie de savoir comment cela va finir, on espère toujours un coup de thèatre, un coup de génie. En vain.
Les personnages, sans être déplaisants, ne sont pas particulièrement attachants, ni même familiers.
L'histoire, intéressante à priori, n'évolue pas vraiment. Le thème offrait de grande possibilitées qui ne sont malheureusement souvent qu'effleurées.
L'écriture est maitrisée mais n'offre pas de réel style.
Et que dire de la place qui échoie aux femmes dans cette nouvelle société imaginée par Robert Merle. Elle est si grossierement caricaturale que je suppose qu'il y a là un message (du moins je l'espère!).
Reste l'intrigue qui sauve le livre et finie quand même par vous amener, assez goulument même, vers la dernière page du livre.

12 février 2006

"La Vie devant Soi", d'Emile Ajar

la_vie_devant_soiPlutôt qu'un commentaire voici un court extrait, j'espère qu'il vous donneras envie de lire le livre, il est GENIAL!!!!!!

"Je m'appelle Mohammed mais tout le monde m'appelle Momo pour faire plus petit. Pendant longtemps je n'ai pas su que j'étais arabe parce que personne ne m'insultait. On me l'a seulement appris à l'école.
La première chose que je peux vous dire c'est qu'on habitait au sixième à pied et que pour Madame Rosa, avec tous ces kilos qu'elle portait sur elle et seulement deux jambes, c'était une vraie source de vie quotidienne, avec tous les soucis et les peines. Elle nous le rappelait chaque fois qu'elle ne se plaignait pas d'autre part, car elle était également juive. Sa santé n'était pas bonne non plus et je peux vous dire aussi dès le début que c'était une femme qui aurait mérité un ascenseur.
Madame Rosa était née en Pologne comme Juive mais elle s'était défendue au Maroc et en Algérie pendant plusieurs années et elle savait l'arabe comme vous et moi. Je devais avoir trois ans quand j'ai vu Madame Rosa pour la première fois. Au début je ne savais pas que Madame Rosa s'occupait de moi seulement pour toucher un mandat à la fin du mois. Quand je l'ai appris, ça m'a fait un coup de savoir que j'étais payé. Je croyais que Madame Rosa m'aimait pour rien et qu'on était quelqu'un l'un pour l'autre. J'en ai pleuré toute une nuit et c'était mon premier grand chagrin.

Au début je ne savais pas que je n'avais pas de mère et je ne savais même pas qu'il en fallait une. Madame Rosa évitait de m'en parler pour ne pas me donner des idées. On était tantôt six ou sept tantôt même plus là-dedans. Il y avait chez nous pas mal de mères qui venaient une ou deux fois par semaine mais c'était toujours pour les autres.

Nous étions presque tous des enfants de putes chez madame Rosa, et quand elles partaient plusieurs mois en province pour se défendre là-bas, elles venaient voir leur môme avant et après. Il me semblait que tout le monde avait une mère sauf moi. J'ai commencé à avoir des crampes d'estomac et des convulsions pour la faire venir.

Une nuit j'ai entendu que Madame Rosa gueulait dans son rêve, ça m'a réveillé et j'ai vu qu'elle se levait. Elle avait la tête qui tremblait et des yeux comme si elle voyait quelque chose. Puis elle est sortie du lit, elle a mis son peignoir et une clé qui était cachée sous l'armoire. Elle est allée dans l'escalier et elle l'a descendu. Je l'ai suivie. Je ne savais pas du tout ce qui se passait, encore moins que d'habitude, et ça fait toujours encore plus peur. J'avais les genoux qui tremblaient et c'était terrible de voir cette Juive qui descendait les étages avec des ruses de Sioux comme si c'était plein d'ennemis et encore pire. Quand madame Rosa a pris l'escalier de la cave, j'ai cru vraiment qu'elle était devenue macaque et j'ai voulu courir réveiller le docteur Katz. Mais j'ai continué de la suivre. La cave était divisée en plusieurs et une des portes était ouverte. J'ai regardé. Il y avait au milieu un fauteuil rouge complètement enfoncé, crasseux et boiteux, et Madame Rosa était assise dedans. Les murs, c'était que des pierres qui sortaient comme des dents et ils avaient l'air de se marrer.

Sur une commode, il y avait un chandelier avec des branches juives et une bougie qui brûlait. Il y avait à ma grande surprise un lit dans un état bon à jeter, mais avec matelas, couvertures et oreillers. Il y avait aussi des sacs de pommes de terre, un réchaud, des bidons et des boîtes à carton pleines de sardines. Madame Rosa est restée un moment dans ce fauteuil miteux et elle souriait avec plaisir. Elle avait pris un air malin et même vainqueur. C'était comme si elle avait fait quelque chose de très astucieux et de très fort. Puis elle s'est levée et elle s'est mise à balayer. Je n'y comprenais rien, mais ça faisait seulement une chose de plus. Quand elle est remontée, elle n'avait plus peur et moi non plus, parce que c'est contagieux.

Madame Rosa avait toujours peur d'être tuée dans son sommeil, comme si ça pouvait l'empêcher de dormir. Les gens tiennent à la vie plus qu'à n'importe quoi, c'est même marrant quand on pense à toutes les belles choses qu'il y a dans le monde.

Madame Rosa se bourrait parfois de tranquillisants et passait la soirée à regarder droit devant elle avec un sourire heureux parce qu'elle ne sentait rien. Jamais elle ne m'en a donné à moi. Quand on devenait agités ou qu'on avait des mômes à la journée qui étaient sérieusement perturbés, car ça existe, c'est elle qui se bourrait de tranquillisants. Alors là, on pouvait gueuler ou se rentrer dans le chou, ça ne lui arrivait pas à la cheville. C'est moi qui étais obligé de faire régner l'ordre et ça me plaisait bien parce que ça me faisait supérieur.

La seule chose qui pouvait remuer un peu Madame Rosa quand elle était tranquillisée c'était si on sonnait à la porte. Elle avait une peur bleue des Allemands. Lorsqu'elle avait trop peur elle dégringolait jusqu'à la cave comme la première fois. Une fois je lui ai posé la question - Madame Rosa, qu'est-ce que c'est ici ? Pourquoi vous y venez, des fois au milieu de la nuit ? C'est quoi ? Elle a arrangé un peu ses lunettes et elle a souri. - C'est ma résidence secondaire, Momo. C'est mon trou juif. C'est là que je viens me cacher quand j'ai peur. - -Peur de quoi Madame Rosa ? - - C'est pas nécessaire d'avoir des raisons pour avoir peur Momo. Ca, j'ai jamais oublié, parce que c'est la chose la plus vraie que j'aie jamais entendue.

Madame Rosa avait des ennuis de cœur et c'est moi qui faisait le marché à cause de l'escalier. Chaque matin, j'étais heureux de voir que Madame Rosa se réveillait car j'avais des terreurs nocturnes, j'avais une peur bleue de me trouver sans elle. Je devais aussi penser à mon avenir, qui vous arrive toujours sur la gueule tôt ou tard, parce que si je restais seul, c'était l'Assistance publique sans discuter.

Tout ce que je savais c'est que j'avais sûrement un père et une mère, parce que là-dessus la nature est intraitable. Lorsque les mandats ont cessé d'arriver et qu'elle n'avait pas de raisons d'être gentille avec moi j'ai eu très peur. Il faut dire qu'on était dans une sale situation. Madame Rosa allait bientôt être atteinte par la limite d'âge et elle le savait elle-même. Je pense que pour vivre, il faut s'y prendre très jeune, parce qu'après on perd toute sa valeur et personne ne vous fera de cadeaux.

Un jour que je me promenais j'ai rencontré Nadine. Elle sentait si bon que j'ai pensé à Madame Rosa, tellement c'était différent. Elle m'a offert une glace à la vanille et m'a donné son adresse. Elle m'a dit qu'elle avait des enfants et un mari, elle a été très gentille.

Lorsque je suis rentré j'ai bien vu que Madame Rosa s'était encore détériorée pendant mon absence. Le docteur Katz est venu la voir et il a dit qu'elle n'avait pas le cancer, mais que c'était la sénilité, le gâtisme et qu'elle risquait de vivre comme un légume pendant encore longtemps.

Heureusement, on avait des voisins pour nous aider. Madame Lola qui habitait au quatrième se défendait au bois de Boulogne comme travestite, et avant d'y aller elle venait toujours nous donner un coup de main. Parfois elle nous refilait de l'argent et nous faisait la popote goûtant la sauce avec des petits gestes et des mines de plaisir. Je lui disais " Madame Lola vous êtes comme rien et personne " et elle était contente. Il y avait aussi Monsieur Waloumba qui est un noir du Cameroun qui était venu en France pour la balayer. Un jour il est allé chercher cinq copains et ils sont venus danser autour de Madame Rosa pour chasser les mauvais esprits qui s'attaquent à certaines personnes dès qu'ils ont un moment de libre.

Un jour on a sonné à la porte, je suis allé ouvrir et il y avait là un petit mec avec un long nez qui descendait et des yeux comme on en voit partout mais encore plus effrayés. Madame Rosa avait toute sa tête à elle ce jour là, et c'est ce qui nous a sauvés. Le bonhomme nous a dit qu'il s'appelait Kadir Yoûssef, qu'il était resté onze ans psychiatrique. Il nous a expliqué comment il avait tué sa femme qu'il aimait à la folie parce qu'il en était jaloux. On l'avait soigné et aujourd'hui il venait chercher son fils Mohammed qu'il avait confié à Madame Rosa il y avait de cela onze ans. Il se tourna vers moi et me regarda avec une peur bleue, à cause des émotions que ça allait lui causer. - C'est lui ? -Mais Madame Rosa avait toute sa tête et même davantage. Elle s'est ventilée en silence et puis elle s'est tournée vers Moïse. - -Moïse dis bonjour à ton papa. Monsieur Yoûssef Kadir devint encore plus pâle que possible. - Madame, je suis persécuté sans être juif. C'est fini, le monopole juif, Madame. Il y a d'autres gens que les Juifs qui ont le droit d'être persécutés aussi. Je veux mon fils Mohammed Kadir dans l'état arabe dans lequel je vous l'ai confié contre reçu. Je ne veux pas de fils juif sous aucun prétexte, j'ai assez d'ennuis comme ça.

Madame Rosa lui a expliqué qu'il y avait sans doute eu erreur. Elle avait reçu ce jour-là deux garçons dont un dans un état musulman et un autre dans un état juif….et qu'elle avait du se tromper de religion. Elle lui a dit aussi que lorsqu'on laisse son fils pendant onze ans sans le voir, il faut pas s'étonner qu'il devienne juif et que s'il voulait son fils il fallait qu'il le prenne dans l'état dans lequel il se trouvait. Moïse a fait un pas vers Monsieur Youssef Kadir et celui-ci a dit une chose terrible pour un homme qui ne savait pas qu'il avait raison. - Ce n'est pas mon fils ! cria-t-il, en faisant un drame. Il s'est levé, il a fait un pas vers la porte, il a placé une main à gauche là ou on met le cœur et il est tombé par terre comme s'il n'avait plus rien à dire.

Monsieur Youssef Kadir était complètement mort, à cause du grand calme qui s'empare sur leur visage des personnes qui n'ont plus à se biler. Les frères Zaoum l'on transporté sur le palier du quatrième devant la porte de Monsieur Charmette qui était français garanti d'origine et qui pouvait se le permettre.

Moi j'étais encore complètement renversé à l'idée que je venais d'avoir d'un seul coup quatre ans de plus et je ne savais pas quelle tête faire, je me suis même regardé dans la glace. Avec Madame Rosa on a essayé de ne pas parler de ce qui venait d'arriver pour ne pas faire des vagues. Je me suis assis à ses pieds et je lui ai pris la main avec gratitude, après ce qu'elle avait fait pour me garder. On était tout ce qu'on avait au monde et c'était toujours ça de sauvé. Plus tard elle m'a avoué qu'elle voulait me garder le plus longtemps possible alors elle m'avait fait croire que j'avais quatre ans de moins.

Maintenant le docteur Katz essayait de convaincre Madame Rosa pour qu'elle aille à l'hôpital. Moi, j'avais froid aux fesses en écoutant le docteur Katz. Tout le monde savait dans le quartier qu'il n'était pas possible de se faire avorter à l'hôpital même quand on était à la torture et qu'ils étaient capables de vous faire vivre de force, tant que vous étiez encore de la barbaque et qu'on pouvait planter une aiguille dedans. La médecine doit avoir le dernier mot et lutter jusqu'au bout pour empêcher que la volonté de Dieu soit faite. Madame Rosa est la seule chose au monde que j'aie aimée ici et je ne vais pas la laisser devenir champion du monde des légumes pour faire plaisir à la médecine.

Alors j'ai inventé que sa famille venait la chercher pour l'emmener en Israël. Le soir j'ai aidé Madame Rosa à descendre à la cave pour aller mourir dans son trou juif. J'avais jamais compris pourquoi elle l'avait aménagé et pourquoi elle y descendait de temps en temps, s'asseyait, regardait autour d'elle et respirait. Maintenant je comprenais.

J'ai mis le matelas à côté d'elle, pour la compagnie mais j'ai pas pu fermer l'œil parce que j'avais peur des rats qui ont une réputation dans les caves, mais il n'y en avait pas. Quand je me suis réveillé Madame Rosa avait les yeux ouverts mais lorsque je lui ai mis le portrait de Monsieur Hitler devant, ça ne l'a pas intéressée. C'était un miracle qu'on a pu descendre dans son état.

Je suis resté ainsi trois semaines à côté du cadavre de Madame Rosa. Quand ils ont enfoncé la porte pour voir d'où ça venait et qu'ils m'ont vu couché à côté, ils se sont mis à gueuler au secours quelle horreur mais ils n'avaient pas pensé à gueuler avant parce que la vie n'a pas d'odeur. Ils m'ont transporté à l'ambulance où ils ont trouvé dans ma poche le papier avec le nom et l'adresse de Nadine. Ils ont cru qu'elle était quelque chose pour moi. C'est comme ça qu'elle est arrivée et qu'elle m'a pris chez elle à la campagne sans aucune obligation de ma part. Je veux bien rester chez elle un bout de temps puisque ses mômes me le demandent. Le docteur Ramon, son mari est même allé chercher mon parapluie Arthur, je me faisais du mauvais sang car personne n'en voudrait à cause de sa valeur sentimentale, il faut aimer."

BONNE LECTURE!

12 février 2006

"Un Pédigrée" de Patrick Modiano.

modiano_un_pedigree2"J'écris ces pages comme on rédige un constat ou un curriculum vitae, à titre documentaire et sans doute pour en finir avec une vie qui n'était pas la mienne. Les événements que j'évoquerai jusqu'à ma vingt et unième année, je les ai vécus en transparence — ce procédé qui consiste à faire défiler en arrière-plan des paysages, alors que les acteurs restent immobiles sur un plateau de studio. Je voudrais traduire cette impression que beaucoup d'autres ont ressentie avant moi : tout défilait en transparence et je ne pouvais pas encore vivre ma vie." (Patrick Modiano)

Après nombre de romans sur ses recherches Modiano nous livre ici ce qui semble être le résultat de sa longue quête: un résultat brut, sous forme d'énumération de faits glanés çà et là et posés ici sans ordre ni contexte (mais ne vous y fiez pas, cela est en fait très construit). Ce style froid et sans fioritures va bien avec cette vie sans chaleur.
Toute l'oeuvre de l'auteur tourne autour de son enfance et de la recherche de son identité. Ce livre l'explique et l'éclaire. La plupart des faits exposés vous renverront vers un de ses romans antérieur.
Si vous cherchez ici l'histoire de sa vie, histoire comme on l'entend en général, vous vous trompez de livre. Car c'est de matière qu'il s'agit, matière dont le Modiano d'aujourd'hui est fait: ses parents, son enfance, les origines de sa culpabilité. Les parents donc vers et de qui tout converge, parents qui ne l'aime guère et semble ne faire que passer. L'enfant, qui pourtant ne demande pas grand chose, est un fardeau, une gène.
Plus que dans n'importe lequel de ses autres romans, Modiano apparaît ici comme un "passager clandestin" de la vie.
L'auteur a couché vingt et un ans de sa vie sur le papier et a tirer un trait. Est-ce un tournant de son oeuvre?
Enfin libéré de ses démons, son écriture va t-elle s'en retrouver elle aussi libérée?

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11 février 2006

"La Petite Fille de Monsieur Linh" de philippe Claudel.

claudel_la_petite_fille_de_monsieur_linh1Un des livre dont on a beaucoup parlé lors de la dernière rentrée littéraire. Et on a bien fait d'en parler, c'est un émerveillement.

On dit que les livres qui semblent être écrit facilement, d'un seul jet, sont les plus difficiles à écrire.
Si, comme il semblerait, Mr Claudel à souffert en écrivant son roman, ce n'est pas en vain. Lu du premier au dernier mot, sans presque respirer, ou plutôt comme dans un souffle, ce livre est une merveille, un cadeau.
Merci.

En voici un petit résumé:
" C'est un vieil homme debout à l'arrière d'un bateau. Il serre dans ses bras une valise légère et un nouveau-né, plus léger encore que la valise. Le vieil homme se nomme Monsieur Linh. Il est seul désormais à savoir qu'il s'appelle ainsi. Debout à la poupe du bateau, il voit s'éloigner son pays, celui de ses ancêtres et de ses morts, tandis que dans ses bras l'enfant dort. Le pays s'éloigne, devient infiniment petit, et Monsieur Linh le regarde disparaître à l'horizon, pendant des heures, malgré le vent qui souffle et le chahute comme une marionnette. "

Je vous en souhaite bonne lecture.

11 février 2006

"Balzac et la Petite Tailleuse Chinoise" de Dai Sijie

sijie_balzac_ou_la_petite_tailleuse_chinoise1"Balzac et la petite tailleuse chinoise » de Daie Sijie, illustre avec brio et beaucoup d’habilité le pouvoir de la lecture à travers trois personnages principaux : le narrateur, son ami Luo ainsi que la petite tailleuse. Le contexte historique de la rééducation imposé par le président Mao dans la Chine rouge donne du piment à l’histoire puisque le narrateur et Luo, enfants de la ville, vont être plongés dans un univers inconnu, celui de la campagne dans les montagnes du Phénix du ciel. "

« Avec ces livres je vais transformer la petite tailleuse, elle ne sera plus jamais une simple montagnarde. »
Tout est dans cette simple phrase.La découverte de la lecture va transformer la petite tailleuse chinoise, lui ouvrir l'esprit a des mondes qu'elle ne soupçonnait pas et qu'elle voit aujourd'hui a porté de sa main.
La litterature comme eveil au monde, sous le joug d'une dictature que ne concede rien et surtout pas les livres.
Un livre d'une grande poésie qui nous rapelle la force de la culture face a la barbarie et nous entraine dans le monde naif de trois jeune gens encore vierge de liberté.

11 février 2006

Première

Bonjour et bienvenue su le blog Livresweb.

Ce blog a pour vocation de discuter librements de nos lectures.

A très bientôt donc pour mes première critiques de livres.

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